Être mineur non accompagné à Paris

Être mineur non accompagné à Paris

11 avril 2025 Actualités 0

Être mineur non accompagné à Paris : exploration des facteurs déterminants des besoins en santé physique et mentale par une étude qualitative

En France, la protection des mineurs non accompagnés (MNA) par les pouvoirs publics est conditionnelle à la vérification de leur minorité et peut aboutir à un refus. Une proportion importante de MNA se retrouvent donc non protégés. Cette étude qualitative explore les facteurs contextuels et individuels qui façonnent les besoins de santé physique et mentale des MNA non protégés à Paris. Des entrevues ont été réalisées auprès de MNA (n=12) et d’intervenants et d’intervenantes auprès d’eux (n=36). Une analyse thématique déductive-inductive a été effectuée.

L’étude apporte une contribution à l’analyse des déterminants de santé des MNA non protégés. Elle montre que des barrières institutionnelles limitent les possibilités d’actions de la société civile dans la prise en charge palliative qui leur est accordée. La conséquence pour eux est de poursuivre une vie dans l’instabilité, la précarité et l’incertitude face à l’avenir, ce qui affecte négativement leur santé physique et mentale.

Sans la prise en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE), les MNA non protégés sont livrés à eux-mêmes dans l’instabilité et la grande précarité. Sans reconnaissance de leur statut de MNA, ces jeunes ont un accès restreint aux services comme l’éducation et aux ressources sanitaires pour combler leurs besoins les plus urgents. Vivant dans la précarité et le stress, les risques pour leur santé physique et mentale se retrouvent décuplés. Les actions palliatives mises en œuvre par la société civile se heurtent à des barrières institutionnelles, ce qui ne permet pas de garantir une prise en charge complète. C’est une aide précieuse pour les MNA non protégés, mais cette prise en charge palliative de la société civile se fait de manière parcellaire, temporaire, et souvent inadaptée (p. ex : manque de formation qualifiante des citoyens). Cette expérience pourrait servir pour réformer l’accueil des MNA en France de manière à associer, pendant une période transitoire, les organisations étatiques de protection de l’enfance et les organismes de la société civile. On pourrait ainsi y organiser une prise en charge intersectorielle — c’est-à-dire la mise en commun coordonnée des actions d’acteurs intervenant auprès des MNA provenant de domaines d’activité différents (p. ex. santé, éducation, social) et/ou de milieux différents (p. ex. Public, société civile). Ce qui permettrait d’agir en synergie pour une prise en charge plus complète des MNA. Une étude qui analyserait les possibilités d’une telle action collaborative permettrait d’avancer sur les modèles de prise en charge des MNA en France. En savoir plus