La place de l’attachement chez les judiciarisés
La place de l’attachement dans l’utilisation de stratégies coercitives sexuelles chez des adolescents et jeunes adultes judiciarisés
Notre recherche s’inscrit dans une démarche hypothético-déductive où notre objectif était d’étudier la place de l’attachement dans le développement de la coercition sexuelle et de construire un modèle développemental de la coercition sexuelle à partir de l’attachement. En utilisant une base de données avec un échantillon composé de 261 adolescents et jeunes adultes judiciarisés, nous avons fait des analyses statistiques nous permettant d’élaborer un modèle d’équations structurelles.
Ce modèle d’analyse permet d’étudier, de manière simultanée, l’existence de relations potentiellement causales entre plusieurs variables latentes, en l’occurrence l’attachement, les problèmes liés à l’attachement (comportements externalisés et internalisés) et la coercition sexuelle.
Nos résultats ont indiqué qu’il existait différentes trajectoires pouvant mener à la coercition sexuelle. L’attachement insécurisé entraîne une multitude de problèmes, notamment des difficultés sur les plans de la consommation de substances psychoactives, de la délinquance violente et des problèmes émotionnels. Ces mêmes problèmes formeront par la suite des traits psychopathiques.
Nos résultats nous ont toutefois permis d’observer que deux avenues peuvent expliquer l’utilisation de la coercition sexuelle, soit l’avenue antisociale, amenée par les difficultés liées à l’attachement, soit l’avenue de la sexualité envahissante, qui n’est pas associée aux difficultés liées à l’attachement. Nos résultats semblent aussi montrer que la coercition sexuelle s’explique avant tout par les distorsions cognitives banalisant la violence sexuelle envers les femmes. Ainsi, la psychopathie et la sexualité envahissante sont des facteurs liés à l’utilisation de la coercition sexuelle, mais la coercition sexuelle n’est employée qu’en présence de cognitions erronées concernant l’image et la sexualité des femmes. Par conséquent, les distorsions cognitives banalisant la violence sexuelle envers les femmes apparaissent comme étant fondamentales dans la compréhension de la coercition sexuelle. Ces résultats viennent confirmer d’autres études sur le sujet, notamment celle de Malamuth et ses collaborateurs (2021). En savoir plus