27 juin 2024 Actualités 0

En Côte d’Ivoire, une hausse préoccupante des grossesses en milieu scolaire.

Students are seen at the Djedji Amondji Pierre high school in Adjame, Abidjan, on September 16, 2022. Ivorian students returned to school this week, with a sword of Damocles above their heads: those who have less than 8.5 average will be excluded at the end of the year. An « old » measure that reappears in the hope of raising the bar. (Photo by Sia KAMBOU / AFP)

Chaque fin d’année scolaire ouvre l’heure des bilans. En Côte d’Ivoire, certains sont positifs, comme le taux de réussite de 84 % au certificat d’études primaires et élémentaires. D’autres sont moins réjouissants, comme celui, tout juste finalisé par le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), sur les grossesses en milieu scolaire : au moins 4 600 écolières, collégiennes et lycéennes étaient enceintes durant l’année écoulée, soit une hausse préoccupante de 28 % par rapport à l’année précédente.

Si cette augmentation spectaculaire des grossesses précoces, pour la plupart subies, s’explique moins par une explosion soudaine du phénomène que par une meilleure capacité du CNDH à identifier ces filles-mères, les chiffres restent sans doute très en deçà de la réalité : faute de données fiables, ils n’incluent pas la ville d’Abidjan.

En outre, dans son travail de collecte, le CNDH n’a pas distingué les cas de grossesses relevant d’un rapport sexuel consenti et celles issues d’un viol. C’est pourtant le deuxième cas qui prédomine, selon Aïcha Traoré, présidente et cofondatrice de l’association ivoirienne Pro-kids, qui accompagne chaque année plus d’une centaine de mères âgées de 9 à 25 ans dans leur réinsertion scolaire ou professionnelle.

Pour la plupart des jeunes filles, maternité rime avec fin de scolarité. Après la naissance de son fils, en 2020, Boualay Messan n’est jamais revenue en classe. Elle avait 19 ans lorsque, dit-elle, un garçon l’a séquestrée puis violée lors d’une soirée. Après trois mois de grossesse, elle a été contrainte de quitter son collège de Yopougon. « Les nausées et les moqueries des autres élèves devenaient trop dures », se souvient-elle. Chez elle, son père la rejette. « Il m’a même demandé de partir de la maison au début, avant de changer d’avis. » Aujourd’hui, la jeune fille concède que « ça ne va toujours pas dans [sa] tête », mais elle continue de se reconstruire, domiciliée chez sa mère avec son fils et gagnant un peu d’argent comme coiffeuse.

Des histoires comme celle-ci pullulent sur les réseaux sociaux. Comme celle d’une collégienne de 16 ans qui a accouché en plein examen du brevet avant d’être transférée à l’hôpital de Duékoué (ouest), en mai. D’autres cas tournent au drame, comme celui de Djénéba Kossouba, 14 ans, violée par son directeur d’école à Hiré-Ouatta (sud) puis décédée le 21 mai après un avortement clandestin auquel son agresseur l’avait contrainte. Ce dernier est aujourd’hui écroué.

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